Brest

L’histoire du retour du tramway s’est faite en 2 fois : D’abord en 1984, avant d’être refusé par référendum, c’était la première ville moyenne de France a se lancer dans un tel projet, mais trop précoce pour la mentalité de l’époque, les leçons ont été retenu, et un second projet verra le jour, puis une extension du réseau

Première étude sur le tramway :

En 1973 la Communauté Urbaine de Brest est créée, en 1975, la CU reprend la gestion des transports urbains de Brest, appelé CTB (Compagnie des transports de Brest), pour devenir CTCUB (compagnie des transports CU de Brest)

Dès le 1/07/1975, le versement transport est appliqué, le réseau est menacé de disparition face à la progression fulgurante de la voiture en ville. Entre 1975 et 1984, le réseau gagne en attractivité, et des bus articulés sont mis en circulation pour faire face à la demande

Nantes, ville bretonne inaugure le 1er tramway de France des temps modernes, et Brest s’intéresse de près à ce tramway

En 1984, l’agence d’urbanisme AUCUBE remet une étude, sur la faisabilité et l’opportunité de faire une ligne de tramway à Brest, et confirme que c’est possible de réaliser la ligne

Il propose de construire un petit réseau avec un rabattement du réseau de bus sur ces lignes de tramway

Ce petit réseau de tramway dessert la partie la plus achalandée de Brest et les pôles à fort générateur de trafic, et aussi le secteur le plus dense en habitants et emplois

D’ailleurs ce petit document d’étude veut montrer que le tramway n’est pas réservé aux agglomérations de +300 000 habitants à 1 Millions d’habitants, mais c’est simplement de relier les pôles générateurs de trafic

2 axes sont proposés pour étude :

  • L’axe Place de Strasbourg au centre-ville, axe naturel de mobilité Brestoise Est Ouest depuis plusieurs années et siècles
  • L’axe Nord Sud entre la Gare, le campus et jusqu’au CHU Cavale Blanche

Dans la même année, le maire de Brest, Mr Georges Lombard, (élu de droite) et président de la Communauté Urbaine, lance une étude du plan de déplacement urbain, incluant un TCSP (tramway)

En 1985, cette même agence remet un document d’étude sur les axes que peut emprunter le tramway en site propre, sur la voirie large

Cette même année, l’AUCUBE remet un dossier avec 2 lignes de tram dans le cadre de l’élaboration du PDU (Plan de Déplacement Urbain) avec un réseau de TCSP :

  • De CHU Cavale Blanche à Pontanéezen
  • – Porte de Plouzané à Lambezellec

En 1985, l’Etat accorde une subvention au projet de tramway

En 1987, un dossier argumentaire sur la réalisation d’un réseau de tramway est remis

On découvre dans le dossier que l’ancienne ligne 1 entre Place de Strasbourg et Prat Ledan transportait 25 000 voy/j, avec des bus articulés passant toutes les 5min

Le projet soumis propose une ligne à 4 branches de 8,50km à double voie et de 4,70km à simple voie pour une fréquentation estimée à 59 000 voy/j pour un coût de 552M Frs

Elle dessert 78 000 hab et 28 300 hab

Dans un autre dossier, en faveur du tramway, on trouvera aussi un autre tracé présenté, sous la forme de 2 lignes : Est Ouest et Nord Sud, solution retenue par la suite

Le 19 décembre 1988, le projet est officiellement adopté par les élus de la CUB à l’unanimité

En 1988, à la suite du dossier de prise en considération du projet de tramway, 2 lignes de tramway sont prévues :

  • Ligne Est Ouest : Point du Jour – Ecole de la Marine : 7,40km et 13 stations
  • Ligne Nord Sud : Quizac – Gare de Brest : 4,10km et 7 stations
  • Pôle de correspondance entre ces 2 lignes à la station Liberté

Le trafic prévu sur les 2 lignes de tramway serait de 60 000 voy/j avec 13 000 nouveaux déplacements en transport collectifs

En 1989, un plan est remis avec une extension du réseau de tram à long terme, les lignes du projet pour la première phase sont en trait continu, les extensions à terme sont en pointillés

On notera la volonté de desservir le port du commerce, et d’aller au pôle Océanopolis, de faire un prolongement de la ligne 2 entre le CHU et le secteur des 4 Moulins ou Polygone, vers la technopole, Lambezellec, et les villes périphériques de Brest

En 1989, les municipales donnent le maire Pierre Maille (candidat de gauche) gagnant, et maintient le projet de tramway

Mais il décidera de le soumettre à un référendum ce projet de tramway

Il va défendre le projet, une rame TFS de Grenoble est présentée sur la place Liberté

Le projet de 2 lignes avec extension ultérieure post 1994 :

– Nord Sud : Cavale Blanche – Gare SNCF

– Est Ouest : Bas Siam – Strasbourg

Un réseau de :

– 13,50km

– 1 167M Frs

Un référendum pour le tramway :

En octobre 1990 a lieu le référendum, et le résultat est sans appel !

Un vote massif de rejet du projet de tramway à 79% enterre pour de bon le projet de tramway

Malgré cette déconvenue, le réseau a :

– Un taux de satisfaction de 80%

– 30% fréquentation à Liberté

– 97 voy/an/hab (ce qui est pas mal pour une agglo de cette taille)

Dans le rapport post référendum, on découvre finalement, que le projet a été refusé par la crainte d’une hausse des impôts locaux, d’un dérapage financier et que le sentiment d’inutilité du projet, et qu’il y a d’autres priorités, car le réseau de bus suffisait amplement, d’ailleurs à cette époque le nombre de voiture par ménage augmente, avec le péri urbain autour de Brest

Les partisans du projet ont voté plus pour la lutte contre la pollution automobile, d’un meilleur déplacement en transport collectif

D’ailleurs la campagne de communication de la Communauté Urbaine de Brest n’a pas insisté sur la pollution automobile, et sur l’amélioration de l’offre de TC avec le tramway, chose que le rapport pointe du doigts

Malgré tout, les habitants n’étaient pas encore prêts pour un tramway, les mentalités de l’époque à travers le registre des avis des habitants sur ce projet montrent clairement que la mobilité en voiture n’était pas un problème, puisque la ville de Brest n’était pas embouteillée, et que l’argent irait bien mieux dans d’autres projets plus utiles pour les habitants au lieu de vouloir faire un projet qui ne répond pas aux habitants à ce moment là

Pour terminer sur la partie du projet de tramway des années 80’s et 1990, quelques visuels du projet si le projet avait vu le jour (Rue Jean Jaurès, Pont Villeneuve et Gare de Brest) :

Peu de temps avant le référendum, En 1986, le réseau change de nom, et devient Bibus, et une restructuration se fait en profondeur.

En 1992, les premières lignes de soirée entrent en service

En 1996, le réseau est réaménagé, sur une période de 2 ans

En 1998, la CUB lance le projet de TCSP mais des couloirs de bus

Dès 1995, un projet de mise en site propre sur une grande partie de la ligne Nord Sud est lancé entre Cavale blanche, le pôle universitaire, le centre-ville et la Gare SNCF, d’un coût de 120M Frs, sur 8,50km, Il permettra à cet axe de gagner en fiabilité, et en vitesse commerciale rendant la ligne plus attractive

Le chantier se fait de 2002 à 2004

La deuxième tentative du tramway est fructueuse :

En 2001, François Cuillandre succède à Pierre Maille, et lance le projet de tramway sur l’axe Est Ouest en complément du bus en site propre Nord Sud Il propose une ligne de 8km + 2km de raccordement vers le SMR, pour 200M€

La droite brestoise hurle, demande un référendum….

En 2003, les études de faisabilité dévoilent un ensemble de variantes de tracé :

Le projet suit son cours, débat public en 2003, vote du projet en 2004, étude approfondie, & allongement de la ligne sur 1,30km, pour 250M€

Création d’une société d’économie mixte SEMTRAM qui pilotera le projet de tramway en tant que maîtrise d’ouvrage

En 2007, la CUB vote une branche vers le Froutven (Implantation d’IKEA), et porte la ligne à 14,50km, 26 stations pour 298M€ La concertation du projet se fait en mai 2007, 2 arrêts supplémentaires demandés portant le nombre à 28 stations

Le projet prévoit de :

– Piétonniser le bas de Siam et la rue Jaurès

– Desserte de Brest Aréna

– Desserte du nouveau quartier des Capucins, et du quartier populaire du Pontanézen

SYTRA est retenu pour la maîtrise d’œuvre du projet

Le maire a été réélu sur ce projet phare de la mandature suivante Le projet a reçu un avis favorable à l’issue de l’enquête publique à l’été 2009, et le chantier démarre dans la foulée

Vidéo chantier : https://www.youtube.com/watch?v=cGSZl5bAB2U&ab_channel=SIAMMUSIK

Pour réduire les coûts Brest Métropole innove :

– Achat groupé de rames avec Dijon Métropole (52 rames dont 20 pour Brest) permettant de faire 24% d’économie sur la totalité de l’achat

– Achat d’occasion (à la suite des reconditionnements) des abris tram de la ligne 1 de Montpellier

Sur le matériel roulant, trois propositions de design des rames sont soumises au vote d’un jury représentatif des Brestois, idem sur la couleur de la rame, : Vert Anis, Framboise et blanc

Le choix s’est porté sur la couleur Vert anis, et le 2eme design des rames, avec cette représentation de l’océan, les vagues et le vent

Voici le design retenu par les métropoles de Brest et Dijon

La date d’inauguration est fixée pour Juin 2012, car en juillet, il y a les « Tonnerre de Brest » grande fête maritime locale La ligne est ouverte le 23 juin 2012, et elle a transporté 100 000 voyageurs le jour de l’inauguration, et de 60 à 85 000 voyageurs pendant les Tonnerre de Brest

Initialement prévue pour 45 000 voy/j, pour sa première année

Elle transportait à peu près 30 – 35 000 voy/j.

En 2015 : 40 000 voy/j

Le réseau Bibus a connu une hausse de 38% en 10 ans, pour atteindre 90 000 voy/j sur le réseau en 2017

Après le tramway… Les airs par le téléphérique urbain, le 1 er en France :

Dans les années 2000, avec le programme de renouvellement urbain du futur quartier des Capucins avec un renouveau des ateliers des Capucins en un nouveau pôle culturel et de loisir, il faut desservir ce site facilement en venant du centre-ville, les accès par les ponts Heurteloire et de Recouvrance ne passent pas par le cœur du futur Atelier des Capucins

En 2004, des études sont engagées pour la liaison centre-ville – Capucins, il y a plusieurs solutions :

  • Pont Transbordeur
  • Nouveau pont levant ou passerelle levante
  • Téléphérique
  • Nouveau pont routier

Le choix s’est porté sur le téléphérique, il y avait plusieurs variantes de stations pour le centre-ville de Brest, la station actuelle du téléphérique sur le Bd Jean Moulin et une autre variante sur le même boulevard à côté de la rue Michelet, Près de la station le Château du tramway

Pour le centre-ville, le choix s’est porté sur la proximité du tramway

Dans le dossier d’enquête publique sur le projet du téléphérique, on voit les options étudiées pour le franchissement de la Penfeld

Quelques visuels du projet de téléphérique

A noter que la station Jean Moulin était prévue en solution sous la voirie, mais elle a changé de position, au niveau de la rue, en raison d’une grande canalisation d’eau souterraine ovoïde, et d’un coût plus élevé pour construire la station, la solution de station en belvédère est plus intéressante, il permet de ne pas réaliser les accès à la station souterraine (ascenseur, escalator et escalier) :

Le projet reçoit un avis favorable à l’issue de l’enquête publique, et il est ouvert au public en 2016, ce qui fait de la première ville de France a être doté d’un téléphérique urbain

Ligne B du tramway et Ligne D BHNS

Fin décembre 2011, avant l’ouverture de la ligne A, la presse révèle les projets à long terme du réseau de TCSP :

– Ligne B entre Gare et Cavale Blanche / Lambézellec

– Prolongement tramway vers Guipavas, Gouesnou et Plouzané, Relecq, Plougastel, Guillers

En 2015, le projet de tram entre Gare et Cavale Blanche est confirmé, cependant, la branche vers Lambézellec sera en BHNS, fréquentation plus faible attendue

En 2019, le projet est soumis à concertation publique

Lors de la concertation, le projet a reçu un avis favorable du public, et demande même son prolongement vers le Questel au-delà CHU Cavale Blanche (11M€ en plus)

Dans l’ensemble, le projet prévoit :

Finalement le prolongement au Questel a été abandonné lors de la présentation officielle du tracé définitif

– Ligne tram de 5,40km et 11 stations

– Ligne BHNS de 4km et 12 arrêts

– 202M€ (initialement prévu à 130M€)

Dans le dossier d’enquête publique, les variantes de tracé ont été présenté et une comparaison a été réalisé pour les 2 lignes B et D

A noter que le terminus du tramway à la Cavale Blanche aura une liaison mécanique entre la station tram et l’entrée du CHR (escalator et ascenseur ou ascenseur incliné) qui sera choisi bientôt à travers une étude spécifique à ce sujet :

Synthèse projet ligne B et D :

– Chantier entre 2023 et 2026

– Ouverture en février 2026

– 11 Bus électrique pour le BHNS

– 10 rames de tram 30m (commande groupée avec Toulouse et Besançon)

Liste des versements des archives de Brest :

446WB (Boites 1 à 20) : 2 mètres linéaires de dossiers de 1981 à 1991sur les études, courriers, photographies, etc.

– 18V/B4 : dossier sur le référendum de Brest 1990

– 36WB1 : un dossier sur les études, le financement, le projet entre 1984 et 1990

– 446WB15 : toute une boîte d’archives sur le référendum, sur la communication et la présentation.

+ des dossiers de presse sur le référendum et l’étude des votes : TRAN/a/0024 à 0027